Page:Gaboriau - L’Affaire Lerouge.djvu/97

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— Naturellement, ricana le père Tabaret, un grand seigneur…

— Attendez pour juger, interrompit l’avocat, M. de Commarin eut ses raisons. Sa maîtresse le trompait, il le sut, et rompit justement indigné. Les dix lignes dont je vous parlais sont celles qu’il écrivit alors.

Noël chercha assez longtemps parmi les papiers épars sur la table et enfin choisit une lettre plus fanée et plus froissée que les autres. À l’usure des plis on devinait qu’elle avait été lue et relue bien des fois. Les caractères mêmes étaient en partie effacés.

— Voici, dit-il, d’un ton amer, madame Gerdy n’est plus la Valérie adorée.

« Un ami cruel comme les vrais amis m’a ouvert les yeux. J’ai douté. Vous avez été surveillée, et aujourd’hui malheureusement je n’ai plus de doutes. Vous, Valérie, vous à qui j’ai donné plus que ma vie, vous me trompez, et vous me trompez depuis bien longtemps ! Malheureux ! je ne suis plus certain d’être le père de votre enfant ! »

— Mais ce billet est une preuve ! s’écria le père Tabaret, une preuve irrécusable. Qu’importerait au comte le doute ou la certitude de sa paternité, s’il n’avait sacrifié son fils légitime à son bâtard. Oui, vous me l’aviez dit, il a subi un rude châtiment.

— Madame Gerdy, reprit Noël, essaya de se justifier. Elle écrivit au comte ; il lui renvoya ses lettres sans