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Page:Gaboriau - Le Crime d’Orcival, 1867.djvu/158

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Violemment il lance sa hache qui entaille le parquet. Il descend, il glisse dans ses poches les liasses de billets de banque, il s’empare de la veste déchirée et sanglante de Guespin, qu’il lancera dans la rivière, du haut du pont, et il se sauve par le jardin.

Oubliant toute prudence, éperdu, hors de lui-même, couvert de sang, il court, il franchit la douve, et c’est lui que le vieux La Ripaille aperçoit, gagnant les bois de Mauprévoir, où il compte réparer le désordre de ses vêtements.

Il est sauvé pour le moment. Mais il laisse derrière lui cette lettre qui est, croyez-le, une formidable accusation, qui éclairera la justice, qui dira bien haut et sa scélératesse et la perfidie de ses manœuvres.

Car il ne l’a pas retrouvée, cette lettre, mais nous la retrouverons, nous ; elle nous est nécessaire pour ébranler M. Domini, il nous la faut pour changer nos doutes en certitude.


XI


Un silence assez long suivit la déclaration de l’agent de la sûreté. Peut-être ses auditeurs cherchaient-ils des objections.

Enfin, le docteur Gendron prit la parole.

— Dans tout cela, dit-il, je n’aperçois pas le rôle de Guespin.

— Je ne le vois pas non plus, monsieur, répondit M. Lecoq. Et ici, je dois vous confesser le fort et le faible de mon système d’enquête. Avec cette méthode, qui consiste à reconstituer le crime avant de s’occuper du