Page:Gaboriau - Le Dossier n°113, 1867.djvu/293

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.

serait la colère céleste et ramènerait le bonheur à son foyer. Son attachement pour Valentine lui avait donné la force de résister à d’incessantes tentations.

Mais, aujourd’hui, la présence de Louis la décidait. Réfléchissant, elle ne voyait nul danger à se confier au frère de Gaston.

L’affaire, pendant ce temps, se concluait. Il était convenu que Fougeroux donnerait 5,280 fr. comptant du château et du terrain, et que les débris du mobilier reviendraient à Joseph.

Le marchand de biens et le marquis échangèrent une bruyante poignée de mains en prononçant les mots sacramentels :

— C’est dit !

Et aussitôt Fougeroux sortit pour aller chercher, lui-même, dans le bon coin connu de lui seul, la bouteille du marché.

L’occasion pour Mihonne était favorable. Se levant, elle alla droit au marquis, et, d’une voix sourde et précipitée :

— Il faut, monsieur le marquis, dit-elle, que je vous parle sans témoins

— À moi, ma bonne femme ?

— À vous. C’est un secret de vie ou de mort. Ce soir, à la tombée de la nuit, venez sous les noyers, là-bas, j’y serai, je vous dirai tout.

Elle regagna sa place, son mari rentrait.

Gaîment Fougeroux remplit les verres et but à la santé de Clameran.

Tout en regagnant le bateau, Louis se demandait s’il viendrait à ce rendez-vous singulier.

— Que diable peut me vouloir cette vieille sorcière ? disait-il à Joseph.

— Qui sait ! Elle a été au service d’une femme qui fut, m’a dit mon père, la maîtresse de feu M. Gaston… À votre place, monsieur le marquis, j’irais. Vous dînerez chez nous, et après dîner Pilorel vous passera.

La curiosité décida Louis, et, vers les sept heures, il