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Page:Gaboriau - Le Dossier n°113, 1867.djvu/72

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— Prenez une chaise, dit-il à Prosper.

Cette attention fut d’autant plus sensible au prévenu, qu’il s’attendait à être traité avec le dernier mépris. Elle lui parut d’un favorable augure, et lui rendit quelque liberté d’esprit.

Cependant M. Patrigent avait fait un signe à son greffier.

— Nous commençons, Sigault, dit-il, attention.

Et se retournant vers Prosper :

— Comment vous appelez-vous ? demanda-t-il.

— Auguste-Prosper Bertomy, monsieur.

— Quel âge avez-vous ?

— J’aurai trente ans le 5 mai prochain.

— Quelle est votre profession ?

— Je suis, monsieur, c’est-à-dire j’étais le caissier de la maison de banque André Fauvel.

Le magistrat l’interrompit pour consulter un petit agenda placé près de lui. Prosper, qui suivait attentivement tous ses mouvements, se prenait à espérer, se disant que jamais un homme ayant l’air si peu prévenu contre lui ne le retiendrait en prison.

Le renseignement qu’il cherchait trouvé, M. Patrigent reprit l’interrogatoire :

— Où demeurez-vous ? demanda-t-il.

— Rue Chaptal, 39, depuis quatre ans. J’habitais avant, 7, boulevard des Batignolles.

— Où êtes-vous né ?

— À Beaucaire, département du Gard.

— Avez-vous encore vos parents ?

— J’ai perdu ma mère il y a deux ans, monsieur, mais j’ai encore mon père.

— Habite-t-il Paris ?

— Non, monsieur, il habite Beaucaire avec ma sœur qui est mariée à l’un des ingénieurs du canal du Midi.

C’est d’une voix affreusement troublée que Prosper répondit à ces dernières questions. C’est que s’il est des heures dans la vie où le souvenir de la famille encourage