Page:Gaboriau - Les Gens de bureau, Dentu, 1877.djvu/175

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Il est presque toujours très propre. À le voir dans la rue on ne devine pas sa gêne périodique. Il a chaîne d’or vrai ou faux au gilet, sa chaussure est soigneusement cirée, et si son couvre-chef laisse à désirer, c’est que les chapeliers n’ont pas imaginé encore de vendre les chapeaux soixante francs, payables à raison de deux francs par mois.

Le pantalon seul trahit l’employé ; ces plis affreux qui se font aux genoux sont sa désolation.

Quelques-uns ont essayé de les prévenir. Pour cela, une fois emboîtés dans leur chaise, ils lâchent leurs bretelles et retroussent leurs pantalons jusqu’à mi-jambe. Vains efforts ! la genouillère paraît toujours ; seulement, au lieu d’être à sa place ordinaire, elle est vers le milieu des tibias, ce qui leur donne l’air d’avoir des exostoses.

Cette nécessité d’une mise convenable est une des sept plaies de l’employé de l’Équilibre. Il doit être habillé comme un monsieur, lui qui ne gagne pas tant que l’ouvrier.

Et l’ouvrier imbécile qui envie le sort de ce bourgeois en redingote !

Obligé ainsi de sacrifier au paraître, tous, au ministère, depuis le chef de bureau jusqu’au surnuméraire, ont une double garde-robe.