Page:Gaboriau - Les Gens de bureau, Dentu, 1877.djvu/177

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Cependant il est un genre d’employé qui sait éviter ce contraste ; c’est

L’EMPLOYÉ COQUET.

Celui-là met sur son dos tout ce qu’il gagne, comme dit le peuple ; il a l’air d’un gandin, et dîne à vingt-deux sous ; il porte la raie au milieu du front ; sa barbe est soigneusement ratissée ; il fait canne, gants et lorgnon.

L’employé coquet transforme son bureau en cabinet de toilette. Son premier soin, en arrivant, est de changer de tout, — de tout ce dont il peut changer. Il quitte ses bottines vernies pour chausser des savates, et par-dessus sa chemise de batiste il glisse une blouse de flanelle.

Plus heureux est le sous-chef du bureau no 10, le d’Orsay de l’Équilibre, qui arrive en toute saison avec une fleur à la boutonnière, rose en été, camélia en hiver. Il occupe une pièce à lui seul, et il peut à son aise, en poussant les verrous, — faire peau sale de la tête aux pieds. Il arrive pimpant, s’enferme cinq minutes dans son cabinet ; lorsqu’il en sort, on lui donnerait un sou.

Le chef du bureau no 4 est bien heureux aussi d’avoir une pièce pour son usage particulier. C’est le ci-