Page:Gaboriau - Les Gens de bureau, Dentu, 1877.djvu/209

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les vit éclater comme un incendie qui couve depuis longtemps sous la cendre.

Les employés de l’Équilibre, qui savent parfaitement que pour avancer on ne doit compter que sur son mérite, se répandirent par la ville en quête de protecteurs. Personne dans les bureaux désertés en masse ; plus de feuille de présence. On ne rencontrait dans les corridors que des gentlemen en habit noir, en cravate blanche et en gants paille. Les bureaucrates avaient quitté la livrée du travail pour endosser celle du solliciteur, mais ils ne faisaient qu’apparaître, prendre le vent et s’enfuir.

Le ministère de l’Équilibre avait un faux air de la Chambre des notaires.

Pour cette grave circonstance, M. Brugnolles, qui faisait une tournée sur les bords du Rhin, accourut à son poste.

— Toujours sur la brèche ! lui dit le chef de bureau ; pour Dieu ! monsieur Brugnolles, ménagez-vous.

Caldas crut devoir faire comme tout le monde un petit brin de toilette, et M. Krugenstern, complice de ses menées ambitieuses, lui ayant fourni un habillement de soirée, il se rendit de son pied léger chez son protecteur, l’ancien élève en pharmacie.