Page:Gaboriau - Les Gens de bureau, Dentu, 1877.djvu/264

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.

chef de division, qui comme M. Dupin cultive le calembour, disait en parlant de Castelouze : Il a le regard fisc.

En réalité Castelouze a l’œil de l’oiseau de proie ; son nez est busqué comme le bec de l’aigle ; il a la dent blanche et pointue du carnassier ; ses aptitudes morales ont modifié son physique ; il a la tête fureteuse et des allures de limier ; il ne marche pas, il quête ; sa narine mobile semble prendre le vent. Quand il se pose, il tombe en arrêt, la tête allongée en avant, les épaules infléchies, les jambes légèrement ployées sur le jarret, les bras prêts à saisir la proie.

Malgré toutes ces qualités de race, les capacités de Castelouze ne s’élèvent pas au-dessus d’un certain ordre ; il a les vues bornées, comme tous les gens qui se passionnent, et il est entêté comme les hommes à idées fixes. En dépit du mouvement qu’il se donne et des services qu’il rend, on ne le considère pas en haut lieu comme un des Directeurs de l’avenir.

C’est de lui que le ministre disait :

— Il bat des ailes, mais il ne vole pas.