Page:Gaboriau - Les Gens de bureau, Dentu, 1877.djvu/272

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.

Une affaire est présentée à un bureau. Vous croyez peut-être qu’elle va s’y traiter ? point ; s’y préparer au moins ? pas encore. Nous avons, s’il vous plaît, quelques petites formalités à remplir, oh ! mon Dieu ! moins que rien. Il faut d’abord prendre l’avis de trente autres bureaux. Quand on a colligé ces trente avis différents, un grand pas est fait. Nous entrons dans une phase nouvelle, il s’agit maintenant de consulter les fonctionnaires spéciaux, commissionnés ad hoc.

Nouveaux délais ; autres consultations.

Des incidents sans nombre peuvent surgir ; mais passons, et supposons encore ce temps d’arrêt franchi. Voici enfin le bureau saisi régulièrement avec toutes les pièces à l’appui. Il va s’occuper de vous ; mais patience, il s’en occupera quand votre tour sera venu. Enfin il est arrivé, votre tour. On traite l’affaire, on en décide. Ce n’est point encore fini. Le bureau propose, mais le chef dispose. Et quand le chef a disposé, il faut encore que le chef de division confirme, après quoi vous avez grande chance de voir enfin la chose aboutir, à moins que l’autorité supérieure ne juge qu’on a fait fausse route, auquel cas tout est à recommencer.

Caldas connut à fond la filière administrative à l’occasion d’un sien cousin qui depuis sept ans activait au ministère de l’Équilibre la liquidation d’une indemnité.