Page:Gaboriau - Les Gens de bureau, Dentu, 1877.djvu/281

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Sur ce mot il sortit au milieu des huées, rentra chez lui et se pendit.

Ce résultat n’a pas refroidi complètement les farceurs, et c’est maintenant après M. Givrod qu’ils s’acharnent.

Monsieur Givrod, qui est aussi naïf que feu Germinal, donne tête baissée dans tous les panneaux qu’on lui tend. Voici la dernière mystification dont il a été victime ; on en rit encore à l’Équilibre.

Un matin un des employés du bureau arrive avec un journal dans sa poche. Le feuilleton de ce journal rendait compte d’un concert donné par un célèbre flûtiste qui porte le même nom qu’un chef de division de l’Équilibre.

— Messieurs, commença cet employé, vous savez que notre chef de division est de première force sur la flûte.

— Ah bah ! fit Givrod.

— Comment ! vous l’ignorez, continua le farceur. Hier soir il a donné un concert à la salle Herz et a obtenu un succès étourdissant. Lisez ce qu’en dit M. Scudo.

Le journal passa de main en main et arriva jusqu’à Givrod, qui de sa vie n’avait été si étonné.