Page:Gaboriau - Les Gens de bureau, Dentu, 1877.djvu/288

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sion de sortir, fût-ce vingt fois par journée, il le mettait ostensiblement dans sa poche en disant : « Au revoir, Messieurs ! » Romain intrigué résolut de pénétrer cette ténébreuse affaire, et, après trois semaines de flagorneries audacieuses, l’homme mystérieux lui ouvrit son cœur et son carnet.

Cet employé assimile le ministère à une ménagerie et il passe sa vie à chercher des analogies entre ses camarades et les divers animaux de la création. Il est convaincu que si on trouvait son cahier, il serait destitué par son chef et lapidé par ses collègues. De là toutes ses précautions. Dans ce cahier il compare Lorgelin à un ours, Coquiller à une huître, Nourrisson à un perroquet, Rafflard à un hérisson, le Cluche à un serpent à lunettes, Basquin à un ouistiti, le caissier du Service intérieur à un boule-dogue, et Gérondeau à un dindon.

Caldas, comme journaliste, y était inscrit en qualité de caméléon. Il ne fut pas flatté du rapprochement ; aussi répondit-il à ce Van-Amburg de la bureaucratie, qui lui demandait son avis sur ce petit travail :

— Je ne vous trouve pas Buffon !

L’un des deux employés qui ont bien d’autres chats à fouetter est l’employé qui ne dépense pas ses appointements.

Il thésaurise et place à gros intérêt, probablement à