Page:Gaboriau - Monsieur Lecoq, Dentu, 1869, tome 1.djvu/116

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.

— Cet homme, pensait-il, est déjà venu ici ; il sait les êtres !

Le greffe était une salle assez grande, mal éclairée par des fenêtres trop petites à carreaux poussiéreux, chauffée outre mesure par un poêle de fonte.

Là était le greffier, lisant un journal posé sur le registre d’écrou, registre lugubre, où sont inscrits et décrits tous ceux que l’inconduite, la misère, le crime, un coup de tête, une erreur quelquefois, ont amené devant cette porte basse du Dépôt.

Trois ou quatre surveillants, attendant l’heure de leur service, étaient à demi assoupis sur des bancs de bois.

Ces bancs, deux tables, quelques mauvaises chaises constituaient l’ameublement.

Dans un coin, on apercevait la toise sous laquelle doivent passer tous les inculpés. Car on les mesure, pour que le signalement soit complet.

À l’entrée du prévenu et de Lecoq, le greffier leva la tête.

— Ah !… fit-il, la voiture est arrivée ?

— Oui, répondit le jeune policier.

Et tendant un des mandats signés par M. d’Escorval, il ajouta :

— Voici les papiers de ce gaillard-là.

Le greffier prit le mandat, lut et tressauta.

— Oh !… exclama-t-il, un triple assassinat, oh ! oh !…

Positivement il regarda le prévenu avec plus de considération. Ce n’était pas un prisonnier ordinaire, un méchant vagabond, un vulgaire filou.