Aller au contenu

Page:Gaboriau - Monsieur Lecoq, Dentu, 1869, tome 1.djvu/117

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.

— Le juge d’instruction ordonne sa mise au secret, reprit-il, et il faut lui donner des vêtements, les siens étant des pièces de conviction… Vite que quelqu’un aille prévenir monsieur le directeur, qu’on fasse attendre les autres voyageurs de la voiture… Je vais, moi, écrouer ce gaillard-là dans les règles.

Le directeur n’était pas loin, il parut. Le greffier avait préparé son registre.

— Votre nom ?… demanda-t-il au prévenu.

— Mai.

— Vos prénoms ?

— Je n’en ai pas.

— Comment, vous n’avez pas de prénoms !

Le meurtrier sembla réfléchir, puis d’un air bourru :

— Au fait, dit-il, autant vous dire de ne pas vous épuiser à m’interroger ; je ne répondrai qu’au juge. Vous voudriez me faire couper, n’est-ce pas ?… La belle malice !… mais je la connais…

— Remarquez, observa le directeur, que vous aggravez votre situation…

— Rien du tout !… Je suis innocent, vous voulez m’enfoncer, je me défends. Tirez-moi maintenant des paroles du ventre, si vous pouvez !… Mais vous feriez mieux de me rendre mon argent qu’on m’a pris au poste. Cent trente-six francs huit sous !… J’en aurai besoin quand je sortirai d’ici. Je veux qu’on les inscrive sur le registre… Où sont-ils ?…

Cet argent avait été remis à Lecoq par le chef du poste avec tout ce qui avait été trouvé sur le meurtrier quand on l’avait fouillé une première fois. Il déposa le tout sur une table.