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Page:Gaboriau - Monsieur Lecoq, Dentu, 1869, tome 1.djvu/126

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XIII


Lecoq ne dormit pas, cette nuit-là !

Et cependant il y avait plus de quarante heures qu’il était sur pied, et qu’il n’avait pour ainsi dire ni bu ni mangé.

Mais la fatigue même, les émotions, l’anxiété, l’espoir, communiquaient à son corps l’énergie factice de la fièvre, et à son esprit la lucidité maladive qui résulte d’efforts exorbitants de la pensée.

C’est qu’il ne s’agissait plus, comme au temps où il travaillait chez son protecteur l’astronome, de poursuivre des déductions en l’air. Ici, les faits n’avaient plus rien de chimérique. Ils n’étaient que trop réels, les cadavres des trois victimes qui gisaient sur les dalles de la Morgue.

Mais si la catastrophe était matériellement prouvée, tout le reste n’était que présomptions, doutes, conjectures. Pas un témoin ne se levait pour dire quelles circonstances avaient entouré, précédé, préparé l’affreux dénoûment.

Une seule découverte, il est vrai, devait suffire à éclai-