Page:Gaboriau - Monsieur Lecoq, Dentu, 1869, tome 1.djvu/129

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bon pas, quand arrivé à la pointe Saint-Eustache, il fut interpellé par une grosse voix railleuse.

— Hé !… joli garçon !…

Il regarda et aperçut Gévrol qui, suivi de trois de ses agents, venait jeter ses filets aux environs des Halles. C’est un bon endroit. Il est rare qu’il ne se glisse pas quelques filous altérés dans les établissements qui restent ouverts toute la nuit pour les maraîchers.

— Te voilà levé bien matin, monsieur Lecoq, continua l’inspecteur de la sûreté, tu cours toujours après l’identité de notre homme.

— Toujours.

— Est-ce un prince déguisé, décidément, ou un simple marquis ?

— L’un ou l’autre, à coup sûr…

— Bon !… En ce cas tu vas nous payer une tournée à prendre sur ta future gratification.

Lecoq consentit, et la petite troupe entra en face, dans un débit.

Les verres remplis :

— Ma foi !… Général, reprit le jeune policier, notre rencontre m’évite une course. Je comptais passer à la Préfecture pour vous prier, de la part du juge d’instruction, d’envoyer ce matin même un de nos collègues à la Morgue. L’affaire de la Poivrière a fait du bruit, il y aura du monde, et il s’agirait de dévisager et d’écouter les curieux…

— C’est bon !… le père Absinthe y sera dès l’ouverture.

Envoyer le père Absinthe là où il fallait un agent subtil, était une moquerie. Cependant Lecoq ne protesta