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Page:Gaboriau - Monsieur Lecoq, Dentu, 1869, tome 1.djvu/153

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Il allongeait la main vers un cordon de sonnette, Lecoq fit un geste presque suppliant.

— J’aurais, monsieur, dit-il, une grâce à vous demander.

— Laquelle ?… parlez.

— Je m’estimerais bien heureux s’il m’était permis d’assister à l’interrogatoire… Il faut si peu, quelquefois, pour éveiller une heureuse inspiration.

La loi dit que « l’accusé sera interrogé secrètement par le juge assisté de son greffier, » mais elle admet cependant la présence des agents de la force publique.

— Soit, répondit M. Segmuller, demeurez.

Il sonna, un huissier parut.

— A-t-on, selon mes ordres, amené la veuve Chupin ? demanda-t-il.

— Elle est là, dans la galerie, oui, monsieur.

— Qu’elle entre.

L’instant d’après, la cabaretière faisait son entrée, s’inclinant de droite et de gauche, avec force révérences et salutations.

Elle n’en était plus à ses débuts devant un juge d’instruction, la veuve Chupin, et elle n’ignorait pas quel grand respect on doit à la justice.

Aussi s’était-elle parée pour l’interrogatoire.

Elle avait lissé en bandeaux plats ses cheveux gris rebelles et avait tiré tout le parti possible des vêtements qu’elle portait. Même, elle avait obtenu du directeur du Dépôt qu’on lui achetât, avec l’argent trouvé sur elle lors de son arrestation, un bonnet de crêpe noir et deux mouchoirs blancs, où elle se proposait de « pleurer