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Page:Gaboriau - Monsieur Lecoq, Dentu, 1869, tome 1.djvu/190

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de ces raisons. Il serait trop aisé d’échapper aux conséquences de ses antécédents. Parlez-moi de votre dernier patron, M. Simpson… Quel est ce personnage ?

— M. Simpson est un homme riche, répondit le prévenu d’un ton froissé, riche à plus de deux cent mille francs, et honnête. En Allemagne, il travaille avec un théâtre de marionnettes ; en Angleterre, il fait voir des phénomènes, selon le goût des pays…

— Eh bien !… ce millionnaire peut témoigner en votre faveur ; il doit être facile de le retrouver.

En ce moment, Lecoq n’avait plus un brin de fil sec sur lui ; il l’a avoué depuis. En dix paroles, le prévenu allait confirmer ou réduire en poudre les affirmations de l’enquête…

— Certes, répondit-il avec emphase, M. Simpson ne peut dire que du bien de moi. Il est assez connu pour qu’on le retrouve, seulement cela demandera du temps.

— Pourquoi ?…

— Parce que, à l’heure qu’il est, il doit être en route pour l’Amérique. C’est même ce voyage qui m’a fait le quitter… je crains la mer.

Les angoisses dont les griffes aiguës déchiraient le cœur de Lecoq s’envolèrent. Il respira.

— Ah !… fit le juge sur trois tons différents, ah !… ah !…

— Quand je dis qu’il est en route, reprit vivement le prévenu, il se peut que je me trompe, et qu’il ne soit pas encore parti. Ce qui est sûr, c’est qu’il avait arrangé toutes ses affaires pour s’embarquer quand nous nous sommes séparés.