Page:Gaboriau - Monsieur Lecoq, Dentu, 1869, tome 1.djvu/279

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Lecoq eut ce geste résolu de l’homme dont le zèle impatient n’a pas besoin d’être stimulé.

— Et je m’informerai !… répondit-il, que monsieur le juge s’en remette à moi. Rien de ce qui peut préparer le succès ne sera négligé. Avant ce soir, j’aurai deux observateurs sous les armes, l’un ruelle de la Butte-aux-Cailles, l’autre à la porte de l’hôtel de Mariembourg. Si le complice du meurtrier a l’idée de visiter Toinon-la-Vertu ou Mme Milner, il est pris. Il faudra bien que notre tour vienne, à la fin !…

Mais ce n’était pas le moment de se dépenser en paroles, en vanteries surtout. Il s’interrompit, et alla prendre son chapeau déposé en entrant.

— Maintenant, dit-il, je demanderai à monsieur le juge ma liberté ; s’il avait des ordres à donner, je laisse en faction dans la galerie un de mes collègues, le père Absinthe. J’ai, moi, à utiliser nos deux plus importantes pièces de conviction : la lettre de Lacheneur et la boucle d’oreille…

— Allez donc, dit M. Segmuller, et bonne chance !…

Bonne chance !… Le jeune policier l’espérait bien. Si même, jusqu’à ce moment, il avait si facilement pris son parti de ses échecs successifs, c’est qu’il se croyait bien assuré d’avoir en poche un talisman qui lui donnerait la victoire.

— Je serais plus que simple, pensait-il, si je n’étais pas capable de découvrir la propriétaire d’un objet de cette valeur. Or, cette propriétaire trouvée, nous constatons du coup l’identité de notre homme-énigme.

Avant tout, il s’agissait de savoir de quel magasin sortait la boucle d’oreille. Aller de bijoutier en bijoutier,