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Page:Gaboriau - Monsieur Lecoq, Dentu, 1869, tome 1.djvu/309

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Il se dirigeait vers la porte ; Lecoq l’arrêta.

— Qu’allez-vous faire, monsieur ! dit-il.

— Moi ! je vais rassembler tous les employés de ma maison, et leur déclarer qu’il y a un traître parmi eux, et qu’il faut qu’on me le livre. Je veux faire un exemple. Et si d’ici vingt-quatre heures le coupable n’est pas découvert, tout le personnel du Dépôt sera renouvelé.

De nouveau, il voulut sortir, et le jeune policier, cette fois, dut presque employer la violence pour le retenir.

— Du calme, monsieur, lui disait-il, du calme, modérez-vous…

— Je veux punir !

— Je comprends cela, mais attendez d’avoir tout votre sang-froid. Il se peut que le coupable soit, non un de vos gardiens, mais un de ces détenus dont vous utilisez la bonne volonté, et qui aident tous les matins à la distribution…

— Eh ! qu’importe…

— Pardon !… Il importe beaucoup. Si vous faites du bruit, si vous dites un seul mot de ceci, jamais nous ne découvrirons la vérité. Le traître ne sera pas si fou que de se livrer, mais il sera assez sage pour ne plus recommencer. Sachons nous taire, dissimuler et attendre. Nous organiserons une surveillance sévère et nous prendrons le coquin sur le fait.

Si justes étaient ces objections que le directeur se rendit.

— Soit, soupira-t-il, je patienterai… Mais voyons toujours ce que renferme cette mie de pain.

C’est à quoi le jeune policier ne voulut pas consentir.