Page:Gaboriau - Monsieur Lecoq, Dentu, 1869, tome 1.djvu/314

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.


XXXIII


Quelle déception, que ce laconique et obscur billet, après cette grande fièvre d’anxiété qui avait tenu oppressés et haletants les témoins de cette scène.

Chiffrée ou traduite, cette lettre n’était-elle pas une arme inutile aux mains de la prévention !

L’œil de M. Segmuller, que l’espoir avait fait étinceler, s’éteignit, et Goguet en revint à son opinion, que le prévenu s’en tirerait peut-être.

— Quel malheur ! prononça le directeur avec une nuance d’ironie, quel dommage que tant de peines et une si surprenante pénétration soient perdues !

Lecoq dont la confiance semblait inaltérable, le regarda d’un air goguenard.

— Vraiment !… dit-il, M. le directeur trouve que j’ai perdu mon temps !… Tel n’est pas mon avis. Ce petit papier me semble établir assez victorieusement que si quelqu’un s’est abusé quant à l’identité du prévenu, ce n’est pas moi.

— Soit !… M. Gévrol et moi avons été trompés par la