Page:Gaboriau - Monsieur Lecoq, Dentu, 1869, tome 1.djvu/333

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vous vous êtes laissé circonvenir par moi, que vous n’avez pas contrôlé mes preuves…

Une fugitive rougeur empourpra le front de M. Segmuller.

— En un mot, fit-il, on estime que je suis votre dupe et… un sot.

Le souvenir de certains sourires sur son passage, diverses allusions qui lui étaient restées sur le cœur le décidèrent.

— Eh bien !… je vous aiderai, monsieur Lecoq, s’écria-t-il. Oui, je veux que vous confondiez vos railleurs… Je vais me lever, à l’instant, et me rendre au Palais avec vous. Je verrai M. le procureur général, je parlerai, j’agirai, je répondrai de vous !…

La joie de Lecoq fut immense.

Jamais, non, jamais, il n’eût osé se flatter d’obtenir un tel concours.

Ah !… M. Segmuller pouvait désormais lui demander de passer dans le feu pour lui ; il était prêt à s’y précipiter.

Cependant il fut assez prudent, il eut assez d’empire sur soi pour garder sa physionomie soucieuse. Il est comme cela, des victoires qu’il faut se garder de laisser soupçonner, sous peine d’en perdre à l’instant tout le bénéfice.

Certes, le jeune policier n’avait rien avancé qui ne fût rigoureusement exact, mais encore est-il des façons de présenter la vérité, et il avait déployé un peu trop d’habileté pour mettre le juge de moitié dans ses rancunes et s’en faire un auxiliaire intéressé.

M. Segmuller, cependant, après le cri arraché à sa va-