Page:Gaboriau - Monsieur Lecoq, Dentu, 1869, tome 1.djvu/354

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voyance jusqu’à s’inquiéter de combinaisons de salut pour le cas si improbable d’une évasion.

La subtile pénétration de cet homme dépassait les prétendus miracles des somnambules lucides.

— Que contenait ce paquet ? pensait Lecoq, des vêtements, sans doute, un déguisement, de l’argent, des papiers supposés, un faux passe-port ?…

Il arrivait rue Soufflot, il dut s’interrompre pour demander son chemin aux murailles.

Ce fut l’affaire d’une seconde. Une longue flèche, sur le magasin d’un petit horloger, montrait le boulevard Saint-Michel.

Le jeune policier reprit sa course.

— Le complice, poursuivait-il, n’a pas réussi dans sa tentative près du marchand d’habits, mais il n’est pas homme à rester sur un échec… Il aura certainement pris d’autres mesures. Comment les deviner pour les déjouer !…

Le prévenu avait traversé le boulevard Saint-Michel et pris la rue Monsieur-le-Prince ; les flèches du père Absinthe le disaient éloquemment.

Lecoq suivit la rue Monsieur-le-Prince.

— Une circonstance me rassure, murmurait-il, la démarche de Mai près de ce marchand, et sa consternation quand il a su que cet homme n’avait rien à lui remettre. Le complice qui l’avait informé de ses espérances n’aura pas pu lui faire savoir sa déconvenue. Donc, à cette heure, mon prévenu est bien livré à ses seules ressources… la chaîne de convention qui l’unissait à son complice est rompue, brisée ; il n’y a plus rien d’arrêté entre eux, plus de système commun, plus de pro-