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Page:Gaboriau - Monsieur Lecoq, Dentu, 1869, tome 1.djvu/363

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ne la voie pas, je trouve un expédient pour la chasser de chez elle, et ils se rencontrent !

Le père Absinthe eut un geste désespéré.

— Ah !… si j’avais su !… prononça-t-il, mais vous ne m’aviez pas dit d’empêcher Mai de parler aux passants…

— Consolez-vous, l’ancien, interrompit le jeune policier, il n’y a rien à faire contre le malheur…

Le soi-disant saltimbanque atteignait le faubourg Montmartre ; les deux agents de la sûreté durent s’interrompre, presser le pas et se rapprocher de leur homme, pour ne pas le perdre dans la foule.

Quand ils furent à une bonne distance :

— Maintenant, reprit Lecoq, des détails. Où nos gens se sont-ils rencontrés ?…

— À deux pas de la rue Saint-Quentin.

— Lequel a aperçu l’autre et s’est avancé le premier ?

— Mai.

— Qu’a dit la femme ? Avez-vous entendu quelque cri de surprise ?

— Je n’ai rien entendu parce que j’étais à vingt-cinq pas, mais au mouvement de la femme, j’ai bien vu qu’elle était stupéfaite.

Ah ! si Lecoq eût vu la scène de ses yeux, il eût pu en tirer des inductions précieuses !

— Ont-ils causé longtemps ? poursuivit-il.

— Moins d’un quart-d’heure.

— Savez-vous si Mme Milner a remis de l’argent à Mai ?