Page:Gaboriau - Monsieur Lecoq, Dentu, 1869, tome 1.djvu/371

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Quand il y fut arrivé, il se précipita hors du fiacre, et d’un coup d’œil prompt et sûr, il explora les environs, cherchant s’il ne découvrirait pas quelque ombre suspecte.

Il ne vit rien. Surpris par le brusque arrêt de la voiture, le jeune policier avait eu le temps de se jeter à plat ventre sous la caisse, au risque de se faire broyer par les roues.

De plus en plus rassuré vraisemblablement, Mai paya la course et revint sur ses pas du côté de la rue Mouffetard.

D’un bond, Lecoq fut debout, plus acharné sur sa piste qu’un dogue après un os. Il atteignait l’ombre projetée par les grands arbres des boulevards extérieurs, quand un coup de sifflet étouffé retentit à son oreille.

— Le père Absinthe !… fit-il, stupéfait et ravi.

— Moi-même, répondit le bonhomme, et reposé, qui plus est, grâce à un sapin qui m’a ramassé là-bas. J’ai pu de cette façon…

— Oh ! assez ! interrompit Lecoq, assez… ouvrons l’œil.

Mai rôdait alors, avec une indécision manifeste, autour des nombreux cabarets du quartier. Il semblait chercher quelque chose.

Enfin, après avoir été coller son visage aux carreaux de trois de ces bouges, il se décida, et entra dans le quatrième.

La porte n’était pas refermée, que les deux policiers étaient à la vitre, regardant de tous leurs yeux.

Ils virent le prévenu traverser la salle et aller s’asseoir tout au fond, à une table où se trouvait déjà un homme