Page:Gaboriau - Monsieur Lecoq, Dentu, 1869, tome 1.djvu/427

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.

Émigré aux premiers mouvements de la Révolution, Anne de Sairmeuse se distingua par le plus brillant courage à l’armée de Condé. Quelques années plus tard, il demandait du service à la Russie, et se battait, disent certains de ses biographes, dans les rangs russes, lors de la désastreuse retraite de Moscou.

Rentré en France à la suite des Bourbons, il s’acquit une bruyante célébrité par l’exaltation de ses opinions ultra-royalistes. Il est vrai qu’il eut le bonheur de rentrer en possession des immenses domaines de sa famille, et les grades qu’il avait gagnés à l’étranger lui furent confirmés.

Désigné par le roi pour présider la commission militaire chargée de poursuivre et de juger les conspirateurs de Montaignac, il déploya des rigueurs et une partialité que flétriront tous les partis.

Lecoq s’était dressé l’œil étincelant.

— Sacré tonnerre !… s’écria-t-il, j’y vois clair maintenant. Le père du duc de Sairmeuse actuel a voulu faire couper le cou du père de notre M. d’Escorval…

M. Tabaret rayonnait.

— Voilà à quoi sert l’histoire, dit-il. Mais je n’ai pas fini, garçon ; notre duc de Sairmeuse à nous a aussi son article… Écoute donc encore :

Sairmeuse (Anne-Marie-Martial), — fils du précédent, est né à Londres en 1791 et a été élevé en Angleterre d’abord, puis à la cour d’Autriche, près de laquelle il devait plus tard remplir diverses missions confidentielles.

Héritier des opinions, des préjugés et des rancunes de son père, il mit au service de son parti la plus haute intelligence et d’admirables facultés… Mis en avant au moment où les passions politiques étaient les plus violentes, il eut le courage d’assumer seul la responsabilité des plus terribles mesures… Obligé de se reti-