Page:Gaboriau - Monsieur Lecoq, Dentu, 1869, tome 2.djvu/146

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seins, à subir les fades et écœurants hommages de ce marquis du Sairmeuse que tu exècres et que je méprise ?…

— Mais Maurice ! Maurice me méprisera… Je puis tout accepter, oui, tout, excepté cela…

M. Lacheneur ne répondit pas, le désespoir de Marie-Anne était déchirant ; il sentit qu’il s’attendrissait et rentra.

Mais sa pénétration avait deviné juste. En attendant de trouver une vengeance digne d’elle, Mlle Blanche résolut de se servir d’une arme que la jalousie et la haine trouvent toujours à leur service : la calomnie.

Cependant, deux ou trois histoires abominables, par elle imaginées, et qu’elle forçait tante Médie de répéter partout, ne produisirent pas l’effet qu’elle espérait.

La réputation de Marie-Anne fut perdue, mais Martial, loin de cesser ses visites chez Lacheneur, les fit plus longues et plus fréquentes. Même, craignant d’être pris pour dupe, il surveilla…

Et c’est ainsi qu’un soir où il était sûr que Lacheneur, son fils et Chanlouineau étaient absents, Martial aperçut un homme qui s’échappait de la maison et traversait en courant la lande.

Il s’élança à la poursuite de cet homme, mais il lui échappa…

Il avait cru reconnaître Maurice d’Escorval.

XVIII


Les chances favorables qu’il entrevoyait encore, après les confidences de son fils, le baron d’Escorval avait eu la prudence de les taire.

— Mon pauvre Maurice, pensait-il, est désolé mais résigné ; mieux vaut lui laisser la certitude du malheur que l’exposer à un mécompte…