Page:Gaboriau - Monsieur Lecoq, Dentu, 1869, tome 2.djvu/166

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— Enfin !… prononça-t-il, voici donc une occasion de faire éclater notre dévouement et notre zèle !… Et sans danger !… Nous avons de bonnes murailles, des portes solides, 3,000 hommes de troupes !… Ces paysans sont fous !… Mais bénissez leur folie, cher duc, et courez faire monter à cheval les chasseurs de Montaignac…

Mais une pensée soudaine l’assombrit, il se gratta le front et ajouta :

— Diable !… et moi qui attends Blanche ce soir !… Elle a dû quitter Courtomieu après dîner… Pourvu qu’il ne lui arrive pas malheur !…

XXI


Le duc de Sairmeuse et le marquis de Courtomieu avaient devant eux plus de temps qu’ils ne croyaient.

Les paysans s’avançaient, mais non si vite que l’avait dit Chupin.

Deux de ces circonstances qui, fatalement, échappent aux prévisions humaines, devaient disloquer le plan de Lacheneur…

Debout, au sommet de la lande, un peu en avant des siens, Lacheneur avait compté les feux qui répondaient à l’incendie qu’il venait d’allumer.

Leur nombre répondait à ses espérances, il eut une exclamation de joie.

— Tous nos amis, s’écria-t-il, nous tiennent parole… Ils sont prêts, ils se mettent en route !… Partons donc, nous qui devons être les premiers au rendez-vous !…

On lui amena son cheval, et déjà il avait le pied à l’étrier quand deux hommes s’élancèrent des genêts voisins et bondirent jusqu’à lui. L’un d’eux saisit le cheval par la bride.