Page:Gaboriau - Monsieur Lecoq, Dentu, 1869, tome 2.djvu/191

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tifiée. Quoi ! vous êtes toujours fourré dans cette maison et vous ne vous doutez de rien !… Le père de votre maîtresse conspire, elle conspire elle-même, et vous n’y voyez que du feu !… Et je vous destinais à la diplomatie !… Mais il y a mieux. Vous savez à quoi ont été employés les fonds que vous avez si magnifiquement donnés à ces gens-là ? Ils ont servi à acheter des fusils, de la poudre et des balles à notre intention…

Le duc goguenardait à l’aise, maintenant. Il était tout à fait rassuré désormais, et il cherchait à piquer son fils.

Tentative vaine. Martial reconnaissait bien qu’il avait été joué, mais il ne songeait pas à s’en indigner.

— Si Lacheneur était pris, pensait-il, s’il était condamné à mort, et si je le sauvais, Marie-Anne n’aurait rien à me refuser…

XXIV


Ayant pénétré le mystère des continuelles absences de Maurice, le baron d’Escorval avait su dissimuler à sa femme son chagrin et ses craintes.

C’était la première fois qu’il avait un secret pour cette fidèle et vaillante compagne de son existence.

C’est sans la prévenir qu’il alla prier l’abbé Midon de le suivre à la Rèche, chez M. Lacheneur.

Il se cacha d’elle pour courir à la Croix-d’Arcy.

Ce silence explique l’étonnement de Mme d’Escorval quand, l’heure du dîner venue, elle ne vit paraître ni son mari ni son fils.

Maurice, quelquefois, était en retard ; mais le baron, comme tous les grands travailleurs, était l’exactitude même. Qu’était-il donc arrivé d’extraordinaire ?…