Page:Gaboriau - Monsieur Lecoq, Dentu, 1869, tome 2.djvu/213

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d’écouter les commentaires dont le maître d’hôtel accompagnait son récit.

Ils se hâtèrent d’expédier à Mme d’Escorval et à Marie-Anne un exprès destiné à les rassurer, et sans perdre une minute, bien décidés à tout oser, ils se dirigèrent vers la maison occupée par le duc de Sairmeuse.

Lorsqu’ils y arrivèrent, une foule émue se pressait devant la porte.

Oui, il s’y trouvait bien une centaine de personnes, des hommes à la figure bouleversée, des femmes en larmes qui sollicitaient, qui imploraient une audience.

Ceux-là étaient les parents des malheureux qu’on avait arrêtés.

Deux valets de pied en superbe livrée, à l’air important, avaient toutes les peines du monde à retenir le flot grossissant des solliciteurs…

L’abbé Midon espérant que sa robe lèverait la consigne, s’approcha et se nomma. Il fut repoussé comme les autres.

— M. le duc travaille et ne peut recevoir, répondirent les domestiques, M. le duc rédige ses rapports pour Sa Majesté.

Et à l’appui de leurs dires, ils montraient dans la cour les chevaux tout sellés des courriers qui devaient porter les dépèches.

Le prêtre rejoignit tristement son compagnon.

— Attendons ! lui dit-il.

Volontairement ou non, les domestiques trompaient tous ces pauvres gens. M. de Sairmeuse, en ce moment, s’inquiétait peu de ses rapports. Une scène de la dernière violence éclatait entre M. de Courtomieu et lui.

Chacun de ces deux nobles personnages prétendant s’attribuer le premier rôle, — celui qui serait le plus chèrement payé, sans doute, — il y avait conflit d’ambitions et de pouvoirs.

Ils avaient commencé par échanger quelques récriminations, et ils en étaient vite venus aux mots piquants, aux allusions amères et enfin aux menaces.