Page:Gaboriau - Monsieur Lecoq, Dentu, 1869, tome 2.djvu/235

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vers eux, avait encore aux lèvres son sourire de confiance.

Qu’espérait-il donc, alors que tout espoir paraissait absolument perdu ?…

Mais la commission, elle, triomphait sans vergogne, et M. de Sairmeuse laissait éclater une joie indécente.

— Eh bien ! Messieurs !… dit-il aux avocats d’un ton goguenard.

Les défenseurs dissimulaient mal leur découragement, mais ils n’en essayaient pas moins de contester la valeur de la déclaration de leur client. Il avait dit qu’il soupçonnait le complot, et non qu’il le connaissait… Ce n’était pas la même chose…

— Dites tout de suite que vous voulez des charges plus accablantes encore, interrompit le duc de Sairmeuse. Soit !… On va vous en produire. Continuez votre déposition, témoin…

Le vieux maraudeur hocha la tête d’un air capable.

— L’accusé, reprit-il, assistait à tous les conciliabules qui se tenaient chez Lacheneur, et la preuve en est plus claire que le jour… Ayant à traverser l’Oiselle pour se rendre à la Rèche, et craignant que le passeur ne remarquât ses voyages nocturnes, le baron a fait, juste à cette époque, raccommoder un vieux canot dont il ne se servait pas depuis des années…

— En effet !… voilà une circonstance frappante ! Accusé Escorval, reconnaissez-vous avoir fait réparer votre bateau ?…

— Oui !… mais non avec le dessein que dit cet homme.

— Dans quel but alors ?…

Le baron garda le silence. N’était-ce pas sur les instances de Maurice que le canot avait été remis en état !

— Enfin, continua Chupin, quand Lacheneur a mis le feu à sa maison pour donner le signal du soulèvement, l’accusé était près de lui…

— Pour le coup, s’écria le duc, voilà qui est concluant…