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Page:Gaboriau - Monsieur Lecoq, Dentu, 1869, tome 2.djvu/244

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mademoiselle, au pas accéléré, marche !… le pauvre diable là-bas, doit être sur le gril…

Qu’on permît à un condamné de recevoir la fille du chef de la conjuration, de ce Lacheneur qui avait su se dérober à toutes les poursuites, il y avait là de quoi surprendre…

Mais Chanlouineau, à qui cette autorisation était indispensable, s’était ingénié à chercher le moyen de se la procurer…

C’est pourquoi, dès que fut prononcé le jugement qui le condamnait à mort, il parut saisi de terreur et se mit à pleurer lamentablement.

Les soldats ne revenaient pas de voir ce robuste gars, hardi tout à l’heure jusqu’à l’insolence, si défaillant qu’on dut le porter jusqu’à son cachot.

Là, ses lamentations redoublèrent, et il supplia ses gardiens d’aller lui chercher quelqu’un à qui parler, le duc de Sairmeuse ou le marquis de Courtomieu, affirmant qu’il avait à faire des révélations de la plus haute importance…

Ce gros mot, révélations, fit accourir M. de Courtomieu au cachot de Chanlouineau.

Il y trouva un homme à genoux, les traits décomposés, suant en apparence l’agonie de la peur, qui se traîna jusqu’à lui, qui lui prit les mains et les baisa, criant grâce et pardon, jurant que pour conserver la vie il était prêt à tout, oui, à tout, même à livrer M. Lacheneur…

Prendre Lacheneur !… Cette perspective devait enflammer le zèle du marquis de Courtomieu.

— Vous savez donc où se cache ce brigand ?… lui demanda-t-il.

Chanlouineau déclara qu’il l’ignorait, mais il affirma que Marie-Anne, la fille de Lacheneur, le savait. Elle avait en lui, jurait-il, la plus entière confiance, et si on voulait lui permettre de l’envoyer chercher, et le laisser seul avec elle seulement dix minutes, il se faisait fort de