Page:Gaboriau - Monsieur Lecoq, Dentu, 1869, tome 2.djvu/288

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Il appuya son oreille contre une fente de la cloison, et longuement il écouta… Rien, pas un mouvement.

— C’est quelque rat que vous avez entendu, dit-il au baron. Reprenez le journal…

Et lui-même reprit la lime…

Ce fut d’ailleurs la seule alerte. Un peu avant quatre heures, tout était prêt pour l’évasion : les barreaux étaient sciés et les cordes apportées par un trou pratiqué à la cloison étaient roulées au bas de la fenêtre.

L’instant décisif venu, Bavois avait placé la couverture du lit devant le guichet de la porte et « encloué la serrure. »

— Maintenant, dit-il au baron, du même ton qu’il prenait pour réciter la théorie à ses recrues, à l’ordre, monsieur, et attention au commandement.

Et aussitôt, avec une parfaite liberté d’esprit, en décomposant bien, comme il le disait, les temps et les mouvements, il expliqua comment l’évasion présentait deux opérations distinctes, consistant à gagner d’abord l’étroit entablement situé au bas de la tour plate, pour descendre de là jusqu’au pied du rocher à pic.

L’abbé Midon, qui avait fort bien prévu cette circonstance, avait remis à Martial deux cordes, dont l’une, celle qui devait servir pour le rocher, était bien plus longue que l’autre.

— Je vous attacherai donc sous les bras, monsieur, poursuivait Bavois, avec la plus courte des cordes, et je vous descendrai jusqu’à l’entablement… Quand vous y serez, je vous ferai passer la grosse corde et la pince… Et ne lâchez rien !… Si nous nous trouvions démunis sur ce bout de rocher, il faudrait nous rendre ou nous précipiter… Je ne serai pas long à vous aller rejoindre… Êtes-vous prêt ?

M. d’Escorval leva les bras, la corde fut attachée et il se laissa glisser entre les barreaux…

D’où il était, la hauteur paraissait immense…

En bas, dans les terrains vagues qui entourent la cita-