Page:Gaboriau - Monsieur Lecoq, Dentu, 1869, tome 2.djvu/289

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delle, huit personnes qui avaient recueilli le signal de Bavois, attendaient, silencieuses, émues, toutes palpitantes…

C’était Mme d’Escorval et Maurice, Marie-Anne, l’abbé Midon et quatre officiers à demi-solde…

La nuit, bien que sans lune, était fort claire, et d’où ils étaient ils pouvaient voir quelque chose…

Donc, lorsque quatre heures sonnèrent, ils aperçurent fort bien une forme noire qui glissait lentement le long de la tour plate… C’était le baron. Peu après, une autre forme suivit très-rapidement : c’était Bavois…

La moitié du périlleux trajet était accomplie…

D’en bas, on voyait confusément deux ombres se mouvoir sur l’étroite plate-forme… Le caporal et le baron réunissaient leurs forces pour ficher solidement la pince dans une fente du rocher…

Mais au bout d’un moment, une des ombres émergea du saillant, et tout doucement, le long du rocher, glissa…

Ce ne pouvait être que M. d’Escorval… Transportée de bonheur, sa femme s’avançait les bras ouverts pour le recevoir…

Malheureuse !… Un cri effroyable déchira la nuit…

M. d’Escorval tombait d’une hauteur de cinquante pieds… il était précipité… il s’écrasait au bas de la citadelle… La corde s’était rompue…

S’était-elle naturellement rompue ?…

Maurice qui en avait examiné le bout, s’écriait avec d’horribles imprécations de vengeance et de haine, qu’ils étaient trahis, qu’on s’était arrangé pour ne leur livrer qu’un cadavre… Que la corde enfin, avait été coupée.