Page:Gaboriau - Monsieur Lecoq, Dentu, 1869, tome 2.djvu/303

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— Balstain.

— Oui, Balstain, et il vous cherche… Ce n’est pas tout. Comme je traversais Saint-Pavin, remontant ici, j’ai vu arriver huit soldats à cheval, guidés par un paysan à cheval comme eux… Ils ont déclaré qu’ils vous savaient caché dans le village et ils se sont mis à visiter toutes les maisons…

Ces soldats n’étaient autres que les chasseurs de Montaignac confiés à Chupin par le duc de Sairmeuse.

Et, en effet, ils faisaient bien ce que disait Antoine.

Cette besogne n’était certes pas de leur goût, mais ils étaient surveillés de près par le sous-officier qui les commandait.

Ce sous-officier n’était pas un méchant homme, mais il avait été, le long de la route, endoctriné par Chupin, lequel avait poussé l’impudence jusqu’à lui promettre l’épaulette, au nom de M. de Sairmeuse, si les investigations étaient couronnées de succès.

Antoine, cependant, exposait à M. Lacheneur ses espérances et ses craintes.

— Epuisé et blessé comme vous l’êtes, lui disait-il, vous ne serez pas en état d’entreprendre une longue marche avant quinze jours… Jusque-là il faut vous cacher… Je connais, par bonheur, une retraite sûre, à deux portées de fusil dans la montagne… Je vous y conduirai, de nuit, avec des provisions pour une semaine…

Un cri étouffé de sa femme l’interrompit.

Il se retourna, et l’aperçut toute défaillante, appuyée au montant de la porte, plus blanche que ses coiffes, le bras roidi vers le sentier qui de Saint-Pavin conduisait à la cabane.

Elle disait :

— Les soldats !… ils viennent !

Plus prompts que la pensée, Lacheneur et l’honnête montagnard se précipitèrent vers la porte, allongeant la tête pour voir sans se montrer.

La jeune femme n’avait dit que trop vrai.

Les chasseurs de Montaignac gravissaient le sentier