Page:Gaboriau - Monsieur Lecoq, Dentu, 1869, tome 2.djvu/313

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ses façons froides et polies ? Il fallait les avertir cependant. Un sergent leur fut dépêché.

Bientôt ils parurent, accompagnés de Martial, enflammés, en apparence, d’une effroyable colère, tout à fait propre, en vérité, à écarter tout soupçon de connivence de leur part.

M. de Sairmeuse, surtout, semblait hors de soi.

Il jurait, injuriait, accusait, menaçait, et s’en prenait à tout le monde.

Il avait commencé par faire mettre en prison tous les factionnaires, jusqu’à plus ample informé, et il parlait de demander la destitution en masse de tous les officiers et de tous les sous-officiers.

— Quant à ce misérable Bavois, criait-il aux soldats, quant à ce lâche déserteur, il sera fusillé dès qu’on l’aura repris… et on le reprendra, comptez-y !…

On avait espéré calmer un peu M. de Sairmeuse en lui apprenant l’arrestation de Lacheneur, mais il la connaissait. Chupin avait osé l’éveiller au milieu de la nuit pour lui apprendre la grande nouvelle.

Ce lui fut seulement une occasion d’exalter les mérites du traître.

— Celui qui a découvert Lacheneur, dit-il, saura bien rattraper le sieur Escorval. Qu’on aille me chercher Chupin !…

Plus calme, M. de Courtomieu prenait ses mesures, afin de remettre, disait-il, le « grand coupable » sous la main de la justice.

Il expédiait des courriers dans toutes les directions, et faisait porter avis de l’événement dans les localités voisines.

Ses commandements étaient précis et brefs : surveiller la frontière, soumettre les voyageurs à un examen sévère, pratiquer de nombreuses visites domiciliaires, répandre à profusion le signalement du sieur Escorval.

Avant tout, il avait donné l’ordre de rechercher et d’arrêter le sieur Midon, ancien curé de Sairmeuse, et le sieur Escorval fils.