Page:Gaboriau - Monsieur Lecoq, Dentu, 1869, tome 2.djvu/316

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— Tout à fait bizarre !… approuva M. de Courtomieu.

— Comment diable s’y sont-ils pris pour arriver de la fenêtre du cachot à cette étroite corniche ?…

— C’est ce qui ne se comprend pas…

Martial allait trouver une bien autre occasion de s’étonner.

Ayant examiné la corde restant, celle qui avait servi pour la seconde descente, il reconnut qu’elle n’était pas d’un seul morceau. On avait noué bout à bout les deux cordes qu’il avait apportées… La plus grosse évidemment ne s’était pas trouvée assez longue.

Comment cela se faisait-il ?… Le duc avait-il donc mal évalué la hauteur du rocher ?… l’abbé Midon avait-il mal pris ses mesures ?…

Il aunait cette grosse corde de l’œil, et positivement il lui semblait qu’elle avait été raccourci… elle lui avait paru avoir un bon tiers en plus, pendant qu’on la lui roulait autour du corps pour l’entrer dans la citadelle.

— Il sera survenu quelque accident imprévu, disait-il à son père et au marquis de Courtomieu ; mais lequel ?…

— Eh !… que nous importe ? répondait le marquis ; vous avez la lettre compromettante, n’est-ce pas ?…

Mais Martial était de ces esprits qui ne sauraient rester en repos tant qu’ils sont en face d’un problème à résoudre.

Il voulut, quoi que put lui dire M. de Courtomieu, aller inspecter le bas des rochers.

Juste sous la corde, se voyaient de larges taches de sang.

— Un des prisonniers est tombé, fit Martial vivement, et s’est dangereusement blessé !

— Par ma foi !… s’écria le duc de Sairmeuse, le sieur Escorval se serait brisé les os que j’en serais ravi.

Martial rougit, et regardant fixement son père :

— Je suppose, monsieur, prononça-t-il froidement, que vous ne pensez pas un mot de ce que vous dites… Nous nous sommes engagés sur l’honneur de notre nom à sauver M. le baron d’Escorval, s’il s’était tué ce serait