Page:Gaboriau - Monsieur Lecoq, Dentu, 1869, tome 2.djvu/332

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qu’une goutte de sang me restera dans les veines, par tous moyens, je poursuivrai la vengeance de votre lâche et vile trahison.

En me tuant, vous échapperiez il est vrai à la flétrissure que je vous réserve… Consentez à vous battre avec moi… Dois-je vous attendre demain sur les landes de la Rèche ?… À quelle heure ? Avec quelles armes ?…

« Si vous êtes le dernier des hommes, vous pouvez me donner rendez-vous et envoyer des gendarmes qui m’arrêteront. C’est un moyen.

« MAURICE D’ESCORVAL. »

Le duc de Sairmeuse était désespéré. Il voyait le secret de l’évasion du baron livré… c’était sa fortune politique renversée.

— Malheureux, disait-il à son fils, malheureux !… tu nous perds !…

Martial n’avait pas seulement paru l’entendre. Quand il eut terminé :

— Eh bien ?… demanda-t-il au marquis de Courtomieu.

— Je continue à ne pas comprendre… dit froidement le vieux gentilhomme, qui avait eu le temps de se remettre.

Martial eut un si terrible mouvement, que tout le monde crut qu’il allait frapper cet homme qui était son beau-père depuis quelques heures.

— Eh bien !… moi, je comprends !… s’écria-t-il. Je sais maintenant qui était cet officier qui s’est introduit dans la chambre où j’avais déposé les cordes… et je sais ce qu’il y allait faire !

Il avait froissé la lettre de Maurice entre ses mains, il la lança au visage de M. de Courtomieu, en disant :

— Voilà votre salaire… lâche !

Ainsi atteint, le baron s’affaissa sur un fauteuil, et déjà Martial sortait entraînant Jean Lacheneur, quand sa jeune femme éperdue lui barra le passage.