était digne des plus nobles et des plus fiers, des plus hauts selon le monde.
Voici ce qu’avait écrit Chanlouineau, la veille, très-probablement, du soulèvement :
« Marie-Anne,
« Le complot va donc éclater. Qu’il réussisse ou qu’il échoue, j’y serai tué… Cela a été décidé par moi et arrêté le jour où j’ai su que vous ne pouviez plus ne pas épouser Maurice d’Escorval.
« Mais le complot ne réussira pas, et je connais assez votre père pour savoir qu’il ne voudra pas survivre à sa défaite.
« Si Maurice et votre frère Jean venaient à être frappés mortellement, que deviendriez-vous, ô mon Dieu ?… En seriez-vous donc réduite à tendre la main aux portes ?…
« Je ne fais que penser à cela en dedans de moi, continuellement. J’ai bien réfléchi et voici ma dernière volonté :
« Je vous donne et lègue en toute propriété, tout ce que je possède :
« Ma maison de la Borderie, avec le jardin et les vignes qui en dépendent, les taillis et les pâtures de Bérarde et cinq pièces de terre au Valrollier.
« Vous trouverez le détail de cela et de diverses choses encore dans mon testament en votre faveur, déposé chez le notaire de Sairmeuse…
« Vous pouvez accepter sans craindre, car n’ayant point de parents je suis maître de mon bien.
« Si vous ne voulez pas rester dans le pays, le notaire vous trouvera aisément du tout une quarantaine de mille-francs…
« Mais vous ferez bien, surtout en cas de malheur, de rester dans notre contrée. La maison de la Borderie est commode à habiter, depuis que j’ai fait diviser le bas en trois pièces, et que j’ai fait réparer le fourneau de la cuisine.
« Au premier est une chambre qui a été arrangée par le plus fameux tapissier de Montaignac… qu’elle devienne la vôtre.
« J’avais voulu qu’on y mit tout ce qu’on connaît de plus beau, dans un temps où j’étais fou, et où je me disais que peut-être cette chambre serait la nôtre. Les droits de « main-morte » seront chers, mais j’ai un peu de comptant. En soulevant la pierre du foyer de la belle chambre, vous trouverez dans une ca-