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XXXVIII


Troubler la fête du château de Sairmeuse, changer en tristesse la joie d’un premier jour de mariage, épouvanter de sinistres présages l’union de Martial et de Mlle Blanche de Courtomieu…

Voilà, en vérité, tout ce qu’espérait Jean Lacheneur.

Quant à croire que Martial triomphant et heureux accepterait le cartel de Maurice, misérable et proscrit… il ne le croyait pas.

Même, tout en attendant Martial dans le vestibule du château, il s’armait contre les mépris et les railleries dont ne manquerait pas de l’accabler tout d’abord, présumait-il, ce froid et hautain gentilhomme qu’il venait défier.

L’accueil évidemment bienveillant de Martial le déconcerta un peu…

Il se remit, en voyant le prodigieux effet que produisait la provocation mortellement offensante de Maurice.

— Nous avons frappé juste !… pensait-il.

Martial lui ayant pris la main pour l’entraîner, il ne résista pas…

Et pendant qu’il traversait les salons ruisselants de lumière, tout en fendant les groupes d’invités surpris, Jean ne songeait ni à ses gros souliers ferrés ni a ses habits de paysan.

Tout palpitant d’anxiété, il se demandait ;

— Que va-t-il se passer ?…

Il le sut bientôt.

Appuyé au chambranle doré de la porte de la galerie, il assista à la terrible scène du petit salon.