Page:Gaboriau - Monsieur Lecoq, Dentu, 1869, tome 2.djvu/385

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rets, souvenez-vous que j’ai trois cent mille livres de rentes…

« MARTIAL DE SAIRMEUSE. »

Mme Blanche chancela sous le coup terrible… c’en était fait, elle était abandonnée, et abandonnée, pensait-elle, pour une autre. Mais elle se roidit, et d’une voix stridente :

— Oh ! cette Marie-Anne ! s’écria-t-elle, cette créature ! je la tuerai !…


XL


Les vingt-quatre mortelles heures passées par Mme Blanche à mesurer l’étendue de son horrible malheur, le duc de Sairmeuse les avait employées à tempêter et à jurer à faire crouler les plafonds.

Lui non plus, il ne s’était pas couché.

Après des recherches inutiles aux environs, il était revenu à la grande galerie du château, et il l’arpentait d’un pied furieux.

Il tombait de lassitude, après un accès de colère qui avait duré une nuit et un jour, quand on lui apporta la lettre de son fils…

Elle était brève…

Martial ne donnait à son père aucune explication ; il ne mentionnait même pas la rupture qu’il venait de signifier à sa femme.

« Je ne puis me rendre à Sairmeuse, Monsieur le duc, écrivait-il, et cependant, nous voir est de la dernière importance.

« Vous approuverez, je l’espère, mes déterminations,