Page:Gaboriau - Monsieur Lecoq, Dentu, 1869, tome 2.djvu/391

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Elle était devenue plus rouge que le feu, elle baissait la tête, et autant que possible s’écartait du cercle de la lumière.

C’est qu’il ne lui était pas possible de méconnaître un trait de cette grande passion que le jeune marquis de Sairmeuse lui avait déclaré, le soir où il lui avait offert son nom en même temps qu’il lui avouait son aversion pour sa fiancée.

Ce qui s’était passé dans l’âme de Martial, il lui semblait qu’elle le devinait.

Mais l’abbé Midon était trop préoccupé pour rien voir. Son premier étonnement dissipé, il était devenu sombre, et le froncement de ses sourcils trahissait l’effort de sa pensée.

Il ne sentait que trop, et les autres comprenaient comme lui, que ces étranges événements rendaient leur situation plus périlleuse que jamais.

— Il est inouï, murmurait-il, que Maurice ait osé cette folie, après ce que je venais de lui dire ; l’ennemi le plus cruel du baron d’Escorval n’agirait pas autrement que son fils… Enfin, attendons à demain avant de rien décider.

Le lendemain, on apprit la rencontre de la Rèche. Un paysan, qui avait assisté de loin aux préliminaires de ce duel qui ne devait pas finir, put donner les détails les plus circonstanciés.

Il avait vu les deux adversaires tomber en garde, puis les soldats accourir et se mettre à la poursuite de Maurice, de Jean et de Bavois.

Mais il était sûr aussi que les soldats en avaient été pour leurs peines. Il les avait rencontrés sur les cinq heures, harassés et furieux.

Le sous-officier disait que l’expédition avait manqué par la faute de Martial qui l’avait retenu une minute…

Ce même jour, le père Poignot vint conter à l’abbé Midon que le duc de Sairmeuse et le marquis de Courtomieu étaient brouillés… C’était le bruit du pays. Le