Page:Gaboriau - Monsieur Lecoq, Dentu, 1869, tome 2.djvu/423

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— Qui vous a dit tout cela ?

— Personne… on a des yeux. J’ai poussé hier jusqu’à la Borderie, et j’ai vu tous les volets ouverts. Marie-Anne se carrait à une fenêtre. Elle n’est seulement pas en deuil, la gueuse !…

C’est qu’en effet, jusqu’à ce jour, la pauvre Marie-Anne en avait été réduite à la robe que Mme d’Escorval lui avait prêtée le soir du soulèvement, pour qu’elle pût quitter ses habits d’homme.

Le vieux maraudeur voulait continuer à scarifier Mme Blanche de ses observations méchantes, elle l’interrompit d’un geste.

— Ainsi, demanda-t-elle, vous connaissez la Borderie ?

— Pardienne !

— Où est-ce ?

— Juste en face des moulins de l’Oiselle, de ce côté de la rivière, à une lieue et demie d’ici, à peu près…

— C’est juste. Je me rappelle maintenant. Y êtes-vous entré quelquefois ?…

— Plus de cent fois, du vivant de Chanlouineau.

— Alors il faut me donner la topographie de l’habitation.

Les yeux de Chupin s’écarquillèrent prodigieusement.

— Vous dites ?… interrogea-t-il, ne comprenant pas.

— Je veux dire : expliquez-moi comment la maison est bâtie.

— Ah !… comme cela, j’entends… Pour lors, elle est construite en plein champ, à une demi-portée de fusil de la grande route. Devant, il y a une manière de jardin, et derrière un grand verger qui n’est pas clos de murs, mais seulement entouré d’une petite haie vive. Tout autour sont des vignes, excepté à gauche, où se trouve un bocage qui ombrage un cours d’eau.

Il s’arrêta tout à coup, et clignant de l’œil.

— Mais à quoi peuvent vous servir tous ces renseignements ? demanda-t-il.

— Que vous importe !… Comment est l’intérieur ?