Page:Gaboriau - Monsieur Lecoq, Dentu, 1869, tome 2.djvu/436

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qui était fermée au verrou, comme le bruissement d’une feuille de papier qu’on froisse.

Elle regarda. On venait de glisser une lettre sous la porte.

Bravement, sans hésiter, elle courut ouvrir… personne !

Il faisait nuit, elle ne distingua rien dans les ténèbres, elle prêta l’oreille, pas un bruit ne troubla le silence.

Toute agitée d’un tremblement nerveux, elle ramassa la lettre, s’approcha de la lumière et regarda l’adresse :

— Le marquis de Sairmeuse ! balbutia-t-elle, stupéfiée.

Elle venait de reconnaître l’écriture de Martial.

Ainsi il lui écrivait, il osait lui écrire !…

Le premier mouvement de Marie-Anne fut de brûler cette lettre, et déjà elle l’approchait de la flamme, quand le souvenir de ses amis cachés à la ferme du père Poignot l’arrêta.

— Pour eux, pensa-t-elle, il faut que je la lise…

Elle brisa le cachet aux armes de Sairmeuse et lut :

« Ma chère Marie-Anne,

« Peut-être avez-vous deviné l’homme qui a su imprimer aux événements une direction toute nouvelle et certainement surprenante.

« Peut-être avez-vous compris les inspirations qui le guident.

« S’il en est ainsi, je suis récompensé de mes efforts, car vous ne pouvez plus me refuser votre amitié et votre espiédestal où elletime…

« Cependant, mon œuvre de réparation n’est pas achevée. J’ai tout préparé pour la révision du jugement qui a condamné à mort le baron d’Escorval, ou pour son recours en grâce.

« Vous devez savoir où se cache M. d’Escorval, faites-lui connaître mes desseins, sachez de lui ce qu’il préfère ou de la révision ou de sa grâce pure et simple.