Page:Gaboriau - Monsieur Lecoq, Dentu, 1869, tome 2.djvu/441

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quand elle raconta à l’abbé Midon les détails de l’entrevue. Mais il ne s’en aperçut pas. Il ne songeait qu’au salut de M. d’Escorval.

— Je savais bien, prononça-t-il, que Martial dirait Amen à tout. Je le savais si bien que toutes les mesures sont prises pour que le baron quitte la ferme… Il attendra, caché chez vous, le sauf-conduit de Sa Majesté…

Et comme Marie-Anne s’étonnait de la rapidité de cette décision :

— L’étroitesse du grenier et la chaleur compromettent la convalescence du baron, poursuivit l’abbé. Ainsi, apprêtez tout chez vous pour demain soir… La nuit venue, un des fils Poignot vous portera, en deux voyages, tout ce que nous avons ici. Vers onze heures, nous installerons M. d’Escorval sur une charrette, et, ma foi !… nous souperons tous à la Borderie…

Tout en regagnant son logis :

— Le ciel vient à notre secours, pensait Marie-Anne.

Elle songeait qu’elle ne serait plus seule, qu’elle aurait près d’elle Mme d’Escorval, qui lui parlerait de Maurice, et que tous ces amis qui l’entoureraient l’aideraient à chasser cette pensée de Martial qui l’obsédait.

Aussi, le lendemain était-elle plus gaie qu’elle ne l’avait été depuis bien des mois, et une fois, tout en arrangeant son petit ménage, elle se surprit à chanter.

Huit heures sonnaient, quand elle entendit un coup de sifflet…

C’était le signal du fils Poignot, qui apportait un fauteuil de malade, qu’on avait eu bien de la peine à se procurer, la trousse et la boîte de médicaments de l’abbé Midon, et un sac plein de livres…

Tous ces objets, Marie-Anne les disposa dans cette chambre du premier étage, que Chanlouineau avait voulu si magnifique pour elle, et qu’elle destinait au baron…

Elle sortit ensuite pour aller au devant du fils Poignot, qui avait annoncé qu’il allait revenir…

La nuit était noire, Marie-Anne se hâtait… elle n’a-