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Page:Gaboriau - Monsieur Lecoq, Dentu, 1869, tome 2.djvu/442

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perçut pas dans son petit jardin, près d’un massif de lilas, deux ombres immobiles…

XLV


Pris par Mme Blanche en flagrant délit de mensonge ou tout au moins de négligence, Chupin demeura un moment interloqué.

Il voyait s’évanouir cette perspective tant caressée d’une retraite à Courtomieu ; il voyait se tarir brusquement une source de faciles bénéfices qui lui permettaient d’épargner son trésor et même de le grossir.

Néanmoins il reprit son assurance, et d’un beau ton de franchise :

— Il se peut bien que je ne sois qu’une bête, dit-il à la jeune femme, mais je ne tromperais pas un enfant. On vous aura fait un faux rapport.

Mme Blanche haussa les épaules.

— Je tiens, dit-elle, mes renseignements de deux personnes qui, certes, ignoraient l’intérêt qu’ils avaient pour moi, et qui n’ont pu s’entendre…

— Aussi vrai que le soleil nous éclaire, je vous jure…

— Ne jurez pas… Avouez tout simplement avoir manqué de zèle.

L’accent de la jeune femme trahissait une certitude si forte, que Chupin cessa de nier et changea de tactique.

Se grimant d’humilité, il confessa que la veille, en effet, il s’était relâché de sa surveillance ; il avait eu des affaires, un de ses gars, le cadet, s’était foulé le pied, puis il avait rencontré des amis, on l’avait entraîné au cabaret, ou l’avait régalé, il avait bu plus que de coutume, de sorte que…

Il parlait de ce ton pleurnicheur et patelin qui est la