Page:Gaboriau - Monsieur Lecoq, Dentu, 1869, tome 2.djvu/482

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— Nous trouverons, sans doute, quelque note qui nous mettra sur la voie…

Le malheureux pressait son front entre ses mains, comme s’il eut espéré en faire jaillir une idée…

— Vous avez raison, balbutia-t-il. Marie-Anne, quand elle s’est vue en danger, ne peut avoir oublié son enfant… Ceux qui la soignaient à ses derniers moments ont dû recueillir les indications qui m’étaient destinées… Je veux interroger les gens qui l’ont veillée… Quels sont-ils ?

Le prêtre détourna la tête.

— Je vous demande qui était près d’elle quand elle est morte, insista Maurice, avec une sorte d’égarement.

Et comme l’abbé se taisait encore, une épouvantable lueur se fit dans son esprit. Il s’expliqua le visage décomposé de Marie-Anne.

— Elle a péri victime d’un crime !… s’écria-t-il. Un monstre existait qui la haïssait à ce point de la tuer… la haïr, elle !

Il se recueillit un moment, et d’une voix déchirante :

— Mais si elle est morte ainsi, reprit-il, foudroyée, notre enfant est peut-être perdu à tout jamais ! Et moi qui lui avais recommandé, ordonné les plus savantes précautions ! Ah ! c’est une malédiction !…

Il retomba sur le fauteuil, abîmé de douleur, l’éclat de ses yeux pâlit et des larmes silencieuses roulèrent le long de ses joues.

— Il est sauvé !… pensa l’abbé Midon.

Et il restait là, tout ému de ce désespoir immense, insondable, quand il se sentit tirer par la manche.

Jean Lacheneur, dont les yeux flamboyaient, l’entraîna dans l’embrasure d’une croisée.

— Qu’est-ce que cet enfant ? demanda-t-il d’un ton rauque.

Une fugitive rougeur empourpra les pommettes du prêtre.

— Vous avez entendu, répondit-il.

— J’ai compris que Marie-Anne était la maîtresse de