Page:Gaboriau - Monsieur Lecoq, Dentu, 1869, tome 2.djvu/485

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installe à sa cure de Sairmeuse. C’est, enfin, un congé en bonne forme et un brevet de pension au nom du caporal Bavois.

Il s’arrêta, et comme la stupeur clouait tout le monde sur place, il s’approcha du lit de Marie-Anne.

Il étendit la main au-dessus de la morte, et d’une voix qui eût fait frémir la coupable jusqu’au plus profond de ses entrailles, si elle l’eût entendue :

— À vous, Marie-Anne, prononça-t-il, je jure que je vous vengerai !…

Il demeura dix secondes immobile, perdu de douleur, puis tout à coup, vivement, il se pencha, mit un baiser au front de la morte, et sortit…

— Et cet homme serait coupable !… s’écria l’abbé Midon, vous voyez bien, Jean, que vous êtes fou !…

Jean eut un geste terrible.

— C’est juste !… fit-il, et cette dernière insulte à ma sœur morte, c’est bien de l’honneur, n’est-ce pas ?…

— Et le misérable me lie les mains, en sauvant mon père ! s’écria Maurice.

Placé près de la fenêtre, l’abbé put voir Martial remonter à cheval…

Mais le marquis de Sairmeuse ne reprit pas la route de Montaignac, c’est vers le château de Courtomieu qu’il galopa…

XLVIII


La raison de Mme Blanche était déjà affreusement troublée quand Chupin l’emporta hors de la chambre de Marie-Anne.

Elle perdit toute conscience d’elle lorsqu’elle vit tomber le vieux maraudeur.