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Après plus d’un mois d’efforts, l’enquête aboutit à cette conclusion : que « le nommé Chupin, homme mal famé, était entré chez Marie-Anne, avait profité de son absence momentanée, pour mêler à ses aliments du poison qui s’était trouvé sous sa main. »

Le rapport ajoutait : que « Chupin avait été lui-même assassiné peu après son crime, par un certain Balstain demeuré introuvable… »

Mais, dans le pays, on s’occupait infiniment moins de cette affaire que des visites de Martial à Mme Blanche.

Bientôt il fut avéré que le marquis et la marquise de Sairmeuse étaient réconciliés, et peu après on apprit leur départ pour Paris.

C’est le surlendemain même de ce départ que l’aîné des Chupin annonça que, lui aussi, il voulait habiter la grande ville.

Et comme on lui disait qu’il y crèverait sans doute de misère :

— Bast ! répondit-il avec une assurance singulière, qui sait ?… J’ai idée, au contraire, que l’argent ne me manquera pas, là-bas !…


XLIX


Ainsi, moins d’un an après ce terrible ouragan de passions qui avait bouleversé la paisible vallée de l’Oiselle, c’est à peine si on en retrouvait des vestiges qui allaient s’effaçant de jour en jour, sous les tombées de neige du temps.

Que restait-il pour attester la réalité de tous ces événements si récents et cependant déjà presque du domaine de la légende ?…