Page:Gaboriau - Monsieur Lecoq, Dentu, 1869, tome 2.djvu/507

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Et Mme Blanche se demandait quel serait son sort, si jamais son mari venait à découvrir qu’elle était coupable… et il pouvait le découvrir…

C’est vers cette époque qu’elle commença à regretter de n’avoir pas tenu le serment fait à sa victime, et qu’elle résolut de faire rechercher l’enfant de Marie-Anne.

Mais, pour cela, il fallait à toute force qu’elle habitât une grande ville, Paris, par exemple, où, avec de l’argent, elle trouverait des agents habiles et discrets…

Il ne s’agissait que de décider Martial.

Le duc de Sairmeuse aidant, ce ne fût pas difficile, et, un matin, Mme Blanche rayonnante, put dire à tante Médie :

— Tante, nous partons d’aujourd’hui en huit.


LI


Dévorée d’angoisses, obsédée de soucis poignants, Mme Blanche n’avait pas remarqué que tante Médie n’était plus la même.

Le changement, à vrai dire, était peu sensible, il ne frappait pas les domestiques, mais il n’en était pas moins positif et réel, et se trahissait par quantité de petites circonstances inaperçues.

Par exemple, si la parente pauvre gardait encore son air humblement résigné, elle perdait petit à petit ses mouvements craintifs de bête maltraitée ; elle ne tressaillait plus quand on lui adressait la parole, et il y avait par instants des velléités d’indépendance dans son accent.

Depuis la fameuse semaine où on l’avait servie dans