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LII


À demi-couchée sur un canapé, le coude sur les coussins, le front dans la main, Mme Blanche écoutait la lecture d’un livre nouveau que lui faisait tante Médie.

L’entrée du domestique ne lui fit seulement pas lever la tête.

— Un homme ? interrogea-t-elle, quel homme ?

Elle n’attendait personne. Dans sa pensée, celui qui venait ainsi ne pouvait être qu’un des ouvriers employés par Martial.

— Je ne puis renseigner madame la marquise, répondit le domestique. Cet individu est tout jeune, il est vêtu comme les paysans, je supposais qu’il cherchait une place…

— C’est sans doute M. le marquis qu’il veut voir ?

— Madame m’excusera, c’est bien à Madame qu’il veut parler, il me l’a dit.

— Alors, sachez comme il s’appelle et ce qu’il désire.

Et se retournant vers la parente pauvre :

— Continue, tante, dit Mme Blanche, on nous a interrompues au passage le plus intéressant.

Mais tante Médie n’avait pas eu le temps de finir la page, que déjà le domestique était de retour.

— L’homme, dit-il, prétend que madame la marquise comprendra ce dont il s’agit dès qu’elle saura son nom.

— Et ce nom ?

— Chupin.

Ce fut comme un obus éclatant tout à coup dans le salon de l’hôtel Meurice.

Tante Médie eut un gémissement étouffé ; elle laissa